Voila longtemps que je vois Jo Ouakamdans le paysage culturel sénégalais…. Je l’ai vu pour la première fois à la télé dans un programme culturel, et de temps en temps, dans un clip ou sur des plateaux télés. Il était toujours très différent des autres invités; il captait l’attention ...et, je pense qu’il me faisait un peu peur, comme « Jo l’indien » faisait peur à Huck et Tom dans le célèbre dessin animé TOM SAWYER. Mais, bizarrement, il m’attirait! J’avais envie de découvrir cet homme mystérieux, qui semblait être d’ailleurs; je voulais le connaître, être son ami, faire partie de son entourage….
Mais comme je ne le voyais qu’à travers la télévision, je désespérais de le rencontrer un jour ! Et le temps passant, j’oubliais cette envie de connaître cet étrange monsieur…
Et un jour un ami me demanda de l’accompagner au Kadjinol station. Sis à l’avenue Albert Sarraut ; cet endroit jouxte les bureaux des Editions Feux de Brousse du poète Amadou Lamine SALL. C’est une grande cour aménagée comme une scène de spectacle et qui sert pour les présentations des livres publiés par la maison d’édition Feux de Brousse. Et là, au milieu des personnes assises en face d’une petite estrade ; j’entrevu un homme avec des locks, qui avait une pipe dans la bouche et portait un veste trop large pour lui, j’ai tout suite reconnu Jo Ouakam. Oui Jo était la! Pour moi c’était quelque chose d’extraordinaire! Bien que dans cette assistance il y’eu des personnalités comme Amadou Lamine SALL poète, Lauréat des Grands Prix de l’Académie Française, le grand comédien Pape FAYE, le célèbre avocat Maître Bouncounta DIALLO, le romancier Marouba FALL (que tous les lycéens et étudiants du Sénégal connaissent) je ne regardais qu’une seule personne : Jo Ouakam. Je n’écoutais que distraitement la présentation du livre que faisait un homme assis en face de l’assistance. J’étais assis au dernier rang et j’essayais temps en temps de voir si Jo était toujours la…. Apres la présentation du livre de l’écrivain,Amadou Lamine SALL, qui était le maître de cérémonie, demanda à Jo Ouakam de le rejoindre. C’était au tour de son livre d’être présenté au public. Quelle chance inespérée pour moi qui rêvait de connaître Jo Ouakam. Mais là encore Jo Ouakam garda tout son mystère. Après qu’il eut écouté parler de lui et de son livre, au lieu de prendre la parole comme l’avait fait les écrivains avant lui. Il se contenta juste de poser une question et d’annoncer « Je n’ai rien a dire » avant de se lever et de sortir du Kadjinol. De par ce geste Jo sembla émerveillé toute cette assistance qui apparemment s’attendait a quelque chose de ce genre avec lui. Moi bien que un peu déçu j’avais assisté à cette scène avec beaucoup d’intérêt ça levait un peu quand même, un coin du voile sur Jo Ouakam .Mais il restait insaisissable…
Dans le taxi qui nous ramenait à la maison mon ami et moi, je n’ai pas arrêté de parler de Jo, de lui dire combien cet homme était pour moi extraordinaire, AlorsLAYE promis de me le présenter la semaine suivante.
....j’ai attendu avec une impatience de gamin que la semaine finisse.
Cette semaine là, nous devions assister à un vernissage dans une galerie qui n’était pas très loin de chez Jo, à la fin du vernissage Laye me demanda de le suivre pour aller voir Jo Ouakam. Nous parcourûmesà peine quelques mètres. Il entra dans une maison, qui à premier vue me semblait inhabitée, mais des l’entrée on tomba sur Jo Ouakam qui était entrain d’écouter une chanson arabe ou bien hindoue. Des qu’il nous aperçut il vint vers nous très affable, très gentil, très décontracté et plein de louanges sur nos activités culturelles dans notre localité et plein de confiance et de fierté pour la banlieue de Pikine. Il nous invita à nous asseoir et l’on traversa une cour très bizarre ou il m’a semblé apercevoir ce qui ressemblait à des tombes .Des tableaux inachevés, un bric à brac incroyable jonchait la cour. Laye m’expliquera après que c’est en fait une œuvre de Jo Ouakam…… La rencontre fut assez brève car elle ne dura que vingt minutes à peine Mais ce que je retins vraiment ce jour la c’était que Jo Ouakam était un être très gentil et qui aimait notre localité.
Mais à part ça je n’arrivais toujours pas à cerner cet étrange personnage, car c’en était un, un vrai.
Ce qui me permit de vraiment comprendre la personnalité de Jo Ouakam, de mesurer l’importance de cet homme, et la chance pour nous sénégalais de l’avoir avec nous, c’est le poète Amadou Lamine SALL, dans la préface qu’il écrivit pour son livre « Poto Poto Blues »
A propos de Jo Ouakam, il écrit « IL y’a bien longtemps que j’aime dans ses trois identités Jo Ramangelissa issa Samb, ou Jo Ouakam (…) lui l’artiste de génie aux talons de souche. Il n y a que lui pour écrire, que dis je pour parler comme il sait le faire, car Issa n’écrit pas, il parle. Cet artiste là est devenu un mythe dans son pays, le Sénégal. Il n’a pas choisi d’être ce qu’il est ; il est ce qu’il est, il n’incarne rien il est incarné…….
(…) Jo écrit beaucoup mais personne ne voit ce qu’il écrit. On ne voit que ce qu’il croit penser, que ce qu’il mime, que ce qu’on croit qu’il donne, sa pensée est visible comme une femme inévitable. Pas son écriture. Mais elle le sera désormais. Sa vraie peinture est aussi invisible. Ce qui trône dans la cour de son atelier à l’ombre tutélaire du Grand Arbre, à Dakar au 17 de la rue Jules Ferry n’est que l’apparence de son œuvre artistique : le signe sous le Signe. »
Et il continue, en lui parlant en ces termes : « (…) je sais que tu n’est pas d’ici. Je le sais depuis longtemps, la chatte qui s’était suicidée en allant tout droit plonger dans les vagues hautes de l’océan, cette chatte rouge ocre que tu avais suivie par respect de sa douleur, sans entamer sa marche vers la mort, cette chatte que tu avais religieusement encadrée comme un policier une marche de non violents, tout cela vois tu, étais un signe pour moi. Les vrais artistes ne sont pas d’ici, de cette terre, de notre quotidienneté. Que garderons nous de toi à l’heure du souvenir, de l’horaire des songes ? Des rêves cousus par chacun selon ses étoffes de satin ou des ses haillons de nuit ? Je sais que tu n’es pas une réalité en âme et en corps. C’est autre chose que tu nous donne de toi : « des reflets sur une vitrine de Sandaga » Une illusion d’un homme et remplissant toute la corniche près du site du Mémorial de Gorée…et qui veille, qui veille… une sorte de sentinelle de l’esprit, une présence plus vraie plus dissuasive que mille foules. Tu es un mutant Issa. Tu es d’un autre monde, d’un autre univers, d’une autre réalité, pas celle falsifiée et nauséabonde des hommes politiques et des banquiers mais celle des mendiants et des lépreux, ce peuple ton ami, que tu aimes couvrir de laine les soirs de froid Décembre. Sais tu que Décembre me fait toujours penser à toi, à tes gueux tes amis que tu retrouves toujours la nuit en tournant à l’angle de la rue Félix Faure, car la nuit vois tu, est moins cruelle que le jour. La nuit est pudique. Pas le jour. Et nous sommes un peuple pudique. »
Et il conclut ainsi : « c’est un talent multiple, novateur et puissant qui se révèle à nous. C’est un écrivain de haut rang dont le Sénégal s’honore d’être la patrie. L’histoire le validera. Sans grande peine. Finalement, au delà de l’écrivain, par-dessus l’artiste, le poète total qu’est Jo m’a ébloui ! Et c’est parce que c’est un poète, et c’est par la qu’il fallait commencer, qu’Issa m’a ému, bouleversé !
Voici Jo Ramangelissa, ou Jo Ouakam du nom identitaire de son quartier natal, ou tout simplement Issa. Le voila rendu au public. Mieux : à l’émerveillement des lecteurs, j’espère. Au respect, à la reconnaissance de l’affirmation et de la célébration de la primauté de l’esprit, je suis sur.
Source : http://www.baobabafrique.com/index.php/reportage/item/262-l%E2%80%99extraordinaire-jo-ouakam
Le Centre Culturel Régional Blaise Senghor de Dakar et l’association Culture-Arts-Santé- Environnement ( CASE présidée par Pierre Rousseau) ont organisé la première remise de livres collectés par l’association. Cette cérémonie a permis de féliciter les acteurs de programme de compétition autour du livre . Ce programme vise à promouvoir le livre et la lecture auprès des élèves, à faire connaître les jeunes auteurs en devenir au Sénégal et à créer une plateforme de rencontres et d’échanges entre les auteurs et le public scolaire.
Le programme a débuté le 23 avril et s'est poursuivi jusqu'au 15 mai 2019 au centre Blaise Senghor et dans les établissements scolaires. La cérémonie officielle de remise des prix et des lots de livres qui s’est déroulée sous la présidence effective de Cheikh Ngaido Ba , membre du Conseil Economique Social et Environnemental représentant la CASE, a eu lieu le samedi 25 mai 2019 au Centre culturel Blaise Senghor.
C'était en présence du Conseiller spécial du Président de la République du Sénégal Abdoul Aziz Diop , du Directeur du Centre Blaise Senghor Balla Ndiaye, de l’écrivain Ahmet Guissé, du colonel Momar Gueye écrivain, de Moustapha Diouck de l'inspection de l'Académie de Dakar, des responsables d'établissements scolaires, d'associations, de bibliothèques de quartiers, de très nombreux élèves et de jeunes.
A cette occasion, des milliers de livres on été remis aux établissements scolaires, aux associations et aux bibliothèques de quartier. En outre, le président Cheikh Ngaido Ba a remercié le groupe Mimran pour le transport des livres de Paris à Dakar au grand bonheur de la jeunesse.
En écoutant l’album « Waalo » du regretté Oumar Bassoum , les mélomanes de la musique traditionnelle se délectent de la voix suave, évocatrice de l’artiste, de belles mélodies, des notes envoûtantes du xalam et se font également raconter l’épopée et des faits histoiriques qui ont rythmé la marche du Sénégal et des royaumes de l’ Afrique de l’Ouest . « Waalo » est un album à titre posthume riche de neuf titres chantés par Oumar Bassoum avant son décès survenu le 15 mai 2015. Au profit de la famille du chanteur traditionnel, l’album est lancé officiellement le mercredi 30 janvier 2019 à Dakar en présence des membres de la famille du défunt, son fils aîné, des personnalités culturelles, des artistes, des entrepreneurs culturels, des journalistes et de Cheikh Ngaïdo Ba , président des cinéastes du Sénégal, Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci), par ailleurs membre du Conseil économique, social et environnemental du Sénégal. Et ce, grâce à Pierre ROUSSEAU, mécène culturel et fondateur de l’Association Culture-Arts-Santé-Environnement (CASE) basée en France et à Cheikh Ngaïdo Ba. Avec cet album, le seul d’ailleurs de l’artiste disponible sur le marché, c’est une seconde vie de Bassoum qui s’opère. Résumé des neuf titres contenus dans la production « Waalo » parmi lesquels :
1 Taara
Taara , c'est le départ au pays des ancêtres. Cet éloge par excellence d'origine peulh a été renouvelé à plusieurs hauts personnages, mais qui finit par être attaché à la figure du grand conquérant et érudit du 19ème siècle El Hadji Omar Tall Al Foutiyou.
2 Niaani
Niaani, royaume de l'hospitalité et de l'insoumission est une province du Grand Djolof qui s'étendait de MalemeNiaani au Ndoukoumane.
Lorsque Lat Dior roi du Cayor voulut annexer cette province, il se heurta à une farouche opposition du roi de Niaani d'alors Kimintang Kamara.
Depuis ce jour, Niaani fut considéré comme le symbole du refus de la servitude : NiaaniBagn na
3 Saaraba
Chaque peuple a une histoire glorieuse qui dort dans le temps et l'espace.
Saaraba, c'est ce passé dont l'existence est un mythe, néanmoins, il est évoqué et célébré dans les chants populaires comme un havre de paix et de jouissance où se rencontrent les aristocrates.
4 Yedakke
Pour inculquer les valeurs qui fondent la société.
Éduquer peut être une expérience à la fois très éprouvante et enrichissante, mais nécessaire et obligatoire.
Yedaake pour ne jamais perdre ses repères.
5 Galayaabé
Galayaabé désigne les habitants de Galoya, une province du Fouta connus pour leur bravoure et leur attachement à leur culture. Les gens de Galoya ne lésinent sur aucun détail pour mettre à l'aise les hotes.
6 Lagiya
Pour magnifier l'honneur et inciter à poursuivre les oeuvres de ses prédécesseurs le griot chante tes louanges et te rappelle le chemin à suivre
7 Waalo
Le waalo est une région historique du Sénégal, centrée sur le delta du fleuve Sénégal dans le nord-ouest du pays, autour de la ville de Saint-louis. Le roi du Waalo portait le titre de Brack. Ce royaume connut de nombreuses guerres entre les différentes dynasties voulant régner sur le royaume. Trois dynasties se disputaient le pouvoir : les Loggar d’origine Maure, les Diouss ou Dyoos d’origine Sérère et les Tedyek d’origine peulh. Les peuples majoritaires dans le Waalo sont les Wolofs, les Peulhs, les, Toucouleurs, les Sarakolés et les Maures Trarza. Le Waalo est considéré, dans la tradition orale wolof, comme le lieu de naissance de la langue et de la culture wolofs, à la suite du brassage culturel des divers peuples de la région. NdiadianeNdiaye, ancêtre mythique des Wolofs, bien avant l’empire du djolof dont il est le fondateur, avait été élu chef en ce lieu, après avoir émérveillé la population par sa sagesse et ses apparitions miraculeuses. Avant son arrivée dans la région, des propriétaires terriens sérères lamanes du clan de Ngom, et peulhs du clan Diaw, occupaient les lieux, à l’époque du wagadou ou Ghana. Le mot brack, nom du souverain, serait dérivé de Barka Bo Mbooc (Mbodj), nom du premier successeur de NdiadianeNdiaye. Pour d’autres, il serait issu du mot arabo-berbère, Baraka ou Barka, signifiant le bienfaiteur.
8 Mame SocéNdiaye
MameSocéNdiaye, avec ce chant historique, comme la plupart des griots, l’artiste Oumar Bassoum rend hommage à MameSocéNdiaye, saint homme, fondateur du village Dohobé dans la zone de Linguère
9 Jaalo mbagn Codou
Jaalo mbagn Codou est un hymne de bravoure à la gloire de Lat Dior NgonéLatyrDiop. Chant épique des griots qui chantent les hauts faits du héros national, Lat Dior NgonéLatyrDiop.
La Rédaction
Source : http://www.baobabafrique.com/index.php/musique/item/1993-musique--la-seconde-vie-de-oumar-bassoum
Voila longtemps que je vois Jo Ouakam dans le paysage culturel sénégalais…. Je l’ai vu pour la première fois à la télé dans un programme culturel, et de temps en temps, dans un clip ou sur des plateaux télés. Il était toujours très différent des autres invités; il captait l’attention ...et, je pense qu’il me faisait un peu peur, comme « Jo l’indien » faisait peur à Huck et Tom dans le célèbre dessin animé TOM SAWYER. Mais, bizarrement, il m’attirait! J’avais envie de découvrir cet homme mystérieux, qui semblait être d’ailleurs; je voulais le connaître, être son ami, faire partie de son entourage….
Mais comme je ne le voyais qu’à travers la télévision, je désespérais de le rencontrer un jour ! Et le temps passant, j’oubliais cette envie de connaître cet étrange monsieur…
Et un jour un ami me demanda de l’accompagner au Kadjinol station. Sis à l’avenue Albert Sarraut ; cet endroit jouxte les bureaux des Editions Feux de Brousse du poète Amadou Lamine SALL. C’est une grande cour aménagée comme une scène de spectacle et qui sert pour les présentations des livres publiés par la maison d’édition Feux de Brousse. Et là, au milieu des personnes assises en face d’une petite estrade ; j’entrevu un homme avec des locks, qui avait une pipe dans la bouche et portait un veste trop large pour lui, j’ai tout suite reconnu Jo Ouakam. Oui Jo était la! Pour moi c’était quelque chose d’extraordinaire! Bien que dans cette assistance il y’eu des personnalités comme Amadou Lamine SALL poète, Lauréat des Grands Prix de l’Académie Française, le grand comédien Pape FAYE, le célèbre avocat Maître Bouncounta DIALLO, le romancier Marouba FALL (que tous les lycéens et étudiants du Sénégal connaissent) je ne regardais qu’une seule personne : Jo Ouakam. Je n’écoutais que distraitement la présentation du livre que faisait un homme assis en face de l’assistance. J’étais assis au dernier rang et j’essayais temps en temps de voir si Jo était toujours la…. Apres la présentation du livre de l’écrivain, Amadou Lamine SALL, qui était le maître de cérémonie, demanda à Jo Ouakam de le rejoindre. C’était au tour de son livre d’être présenté au public. Quelle chance inespérée pour moi qui rêvait de connaître Jo Ouakam. Mais là encore Jo Ouakam garda tout son mystère. Après qu’il eut écouté parler de lui et de son livre, au lieu de prendre la parole comme l’avait fait les écrivains avant lui. Il se contenta juste de poser une question et d’annoncer « Je n’ai rien a dire » avant de se lever et de sortir du Kadjino l. De par ce geste Jo sembla émerveillé toute cette assistance qui apparemment s’attendait a quelque chose de ce genre avec lui. Moi bien que un peu déçu j’avais assisté à cette scène avec beaucoup d’intérêt ça levait un peu quand même, un coin du voile sur Jo Ouakam .Mais il restait insaisissable…
Dans le taxi qui nous ramenait à la maison mon ami et moi, je n’ai pas arrêté de parler de Jo, de lui dire combien cet homme était pour moi extraordinaire, Alors LAYE promis de me le présenter la semaine suivante.
....j’ai attendu avec une impatience de gamin que la semaine finisse.
Cette semaine là, nous devions assister à un vernissage dans une galerie qui n’était pas très loin de chez Jo, à la fin du vernissage Laye me demanda de le suivre pour aller voir Jo Ouakam. Nous parcourûmesà peine quelques mètres. Il entra dans une maison, qui à premier vue me semblait inhabitée, mais des l’entrée on tomba sur Jo Ouakam qui était entrain d’écouter une chanson arabe ou bien hindoue. Des qu’il nous aperçut il vint vers nous très affable, très gentil, très décontracté et plein de louanges sur nos activités culturelles dans notre localité et plein de confiance et de fierté pour la banlieue de Pikine. Il nous invita à nous asseoir et l’on traversa une cour très bizarre ou il m’a semblé apercevoir ce qui ressemblait à des tombes .Des tableaux inachevés, un bric à brac incroyable jonchait la cour. Laye m’expliquera après que c’est en fait une œuvre de Jo Ouakam…… La rencontre fut assez brève car elle ne dura que vingt minutes à peine Mais ce que je retins vraiment ce jour la c’était que Jo Ouakam était un être très gentil et qui aimait notre localité.
Mais à part ça je n’arrivais toujours pas à cerner cet étrange personnage, car c’en était un, un vrai.
Ce qui me permit de vraiment comprendre la personnalité de Jo Ouakam, de mesurer l’importance de cet homme, et la chance pour nous sénégalais de l’avoir avec nous, c’est le poète Amadou Lamine SALL, dans la préface qu’il écrivit pour son livre « Poto Poto Blues »
A propos de Jo Ouakam, il écrit « IL y’a bien longtemps que j’aime dans ses trois identités Jo Ramangelissa issa Samb, ou Jo Ouakam (…) lui l’artiste de génie aux talons de souche. Il n y a que lui pour écrire, que dis je pour parler comme il sait le faire, car Issa n’écrit pas, il parle. Cet artiste là est devenu un mythe dans son pays, le Sénégal. Il n’a pas choisi d’être ce qu’il est ; il est ce qu’il est, il n’incarne rien il est incarné…….
(…) Jo écrit beaucoup mais personne ne voit ce qu’il écrit. On ne voit que ce qu’il croit penser, que ce qu’il mime, que ce qu’on croit qu’il donne, sa pensée est visible comme une femme inévitable. Pas son écriture. Mais elle le sera désormais. Sa vraie peinture est aussi invisible. Ce qui trône dans la cour de son atelier à l’ombre tutélaire du Grand Arbre, à Dakar au 17 de la rue Jules Ferry n’est que l’apparence de son œuvre artistique : le signe sous le Signe. »
Et il continue, en lui parlant en ces termes : « (…) je sais que tu n’est pas d’ici. Je le sais depuis longtemps, la chatte qui s’était suicidée en allant tout droit plonger dans les vagues hautes de l’océan, cette chatte rouge ocre que tu avais suivie par respect de sa douleur, sans entamer sa marche vers la mort, cette chatte que tu avais religieusement encadrée comme un policier une marche de non violents, tout cela vois tu, étais un signe pour moi. Les vrais artistes ne sont pas d’ici, de cette terre, de notre quotidienneté. Que garderons nous de toi à l’heure du souvenir, de l’horaire des songes ? Des rêves cousus par chacun selon ses étoffes de satin ou des ses haillons de nuit ? Je sais que tu n’es pas une réalité en âme et en corps. C’est autre chose que tu nous donne de toi : « des reflets sur une vitrine de Sandaga » Une illusion d’un homme et remplissant toute la corniche près du site du Mémorial de Gorée…et qui veille, qui veille… une sorte de sentinelle de l’esprit, une présence plus vraie plus dissuasive que mille foules. Tu es un mutant Issa. Tu es d’un autre monde, d’un autre univers, d’une autre réalité, pas celle falsifiée et nauséabonde des hommes politiques et des banquiers mais celle des mendiants et des lépreux, ce peuple ton ami, que tu aimes couvrir de laine les soirs de froid Décembre. Sais tu que Décembre me fait toujours penser à toi, à tes gueux tes amis que tu retrouves toujours la nuit en tournant à l’angle de la rue Félix Faure, car la nuit vois tu, est moins cruelle que le jour. La nuit est pudique. Pas le jour. Et nous sommes un peuple pudique. »
Et il conclut ainsi : « c’est un talent multiple, novateur et puissant qui se révèle à nous. C’est un écrivain de haut rang dont le Sénégal s’honore d’être la patrie. L’histoire le validera. Sans grande peine. Finalement, au delà de l’écrivain, par-dessus l’artiste, le poète total qu’est Jo m’a ébloui ! Et c’est parce que c’est un poète, et c’est par la qu’il fallait commencer, qu’Issa m’a ému, bouleversé !
Voici Jo Ramangelissa, ou Jo Ouakam du nom identitaire de son quartier natal, ou tout simplement Issa. Le voila rendu au public. Mieux : à l’émerveillement des lecteurs, j’espère. Au respect, à la reconnaissance de l’affirmation et de la célébration de la primauté de l’esprit, je suis sur.
Source : http://www.baobabafrique.com/index.php/reportage/item/262-l%E2%80%99extraordinaire-jo-ouakam